Je pensais ce matin vous sortir un petit article sur un ouvrage tricoté quand j'ai réalisé que celui ci devait sortir en priorité site voulais que l'une d'entre vous puisse éventuellement en profiter encore
Je suis allée, sur les recommandations d'une tricopine, voir l'exposition sur Joana Vasconcelos
Si vous aimez l'art contemporain, si vous regardez les arts du fil, sans doute avez vous entendu parler d'elle
Elle fait partie des quelques artistes contemporains à voir, à connaitre, même si on n'est pas spécialement branché art contemporain
D'apprendre que ses oeuvres sont posés dans ma ville jusqu'au 18 novembre 2018, c'était l'occasion ou jamais et j'ai casé une visite sur mon planning
Par chance, le Musée des Arts est aussi ouvert le dimanche
Je vous emmène avec moi, car tout le monde n'habite pas par ici
Attention, débauche d'images
Le musée des arts est un joli bâtiment, situé pas loin de la place centrale de la Ville, la Place de la Liberté, à 5 minutes de la gare ( avec TGV), de parking ( payant) et face au cinéma Pathé Liberté.
C'est donc bien desservi par le train, la voiture, le bus
Et l'avion depuis Paris, c'est 1h15 via Hyères et ses plages
Passons la porte
Je ne commente pas, je vous laisse découvrir par vous même, car l'art contemporain, c'est un art qui pousse à chercher le sens, la beauté là où elle ne semble pas évidente
C'est un art qui secoue, provoque émotions et réflexions
C'est parfois un art qui dérange
Et pour ma part, c'est aussi l'occasion pour moi de passer du C'est beau/ pas beau ?, à Pourquoi ? et dans le cas de Joana Vasconcelos, à Comment ?
C'est un art non pas passif ( je suis juste spectateur, je contemple), mais un art actif, qui interagit avec soi
Cette oeuvre, immense, qui déroule ses bras, s'appelle It's raining men
"Il pleut des hommes", en référence aussi à la chanson des Spices Girls des années 80/90 de sa/ma jeunesse
Le dessous.
Bon finalement je ne résiste pas, je vais faire un peu de commentaires, cela ne me laisse pas indifférente : dans l'ordre des pensées :
Ciel, on dirait un étendoir à linge,
puis Mon dieu, quel travail !
puis, C'est de l'art ? je pourrais dans doute en faire autant
puis Haha, ce serait rigolo s'il pleuvait des hommes ainsi, du ciel
puis, Ai je connu autant d'hommes dans ma vie ? Que ferais je s'il me pleuvait autant d'hommes du ciel ?
Que se passerait il s'il pleuvait réellement des hommes, des humains du ciel ?
Quelle place a donc l'homme sur terre ?
Vient il du ciel ?
Et puis de nouveau, Comment techniquement a t elle fait cela ?, je regarde plus en détail
Première salle :
Je n'ai pas noté le nom de l'oeuvre, décrite par Joana Vasconcelos comme une manique géante
j'y vois un sein, une méduse ...
De près, du crochet...
Quel contraste entre ces couleurs presque criardes et l'ensemble, plus doux !
Quel contraste entre des simples rangs de mailles serrées et cette oeuvre immense !
Je me questionne sur notre regard, notre capacité à voir, on se positionner selon qu'on aborde et regarde les choses, les situations, les gens depuis une perspective différente
D'emblée je me questionne sur celle qui peut être amenée à créer et exposer ce genre d'ouvrages
Je vous ai dit que depuis mon voyage à Bali puis à Séoul, je me pose la question de la laine comme art dans les rues ?
Laine comme art, vecteur d'art et non pas juste comme matériau utile pour m'habiller ?
Joana Vasconlos est Portuguaise, un pays où le crochet est roi
Voici des infos sur elle et son oeuvre
Revenons à la salle
Je suis perplexe sur la signification, je ne prends pas la peine de lire le titre...
Alors la tricoteuse en moi se penche et se demande comment techniquement elle obtient ces bulles ?
Augmentations ? Diminutions ? couture ou pas couture ? Acrylique sans doute ...
Azuleros et laine surement
Autre oeuvre :
Aquarela 2014
Même cheminement de pensées :
J'aime ou j'aime pas ?
réponse, je ne sais pas
Cela montre quoi ?
Tant pis, regardons comment c'est fait
Et là, franchement j'admire l'imagination et la réalisation
C'est si dur de faire du crochet free forme
Je serais incapable d'imaginer de remplir une toile blanche.
Je ne suis pas une artiste
Je ne cherche plus à comprendre, je regarde la technique
Je me laisse glisser dans les détails, comme un effeuillage de gourmandises laineuses
Ce plaisir que j'aurais de contempler un ouvrage laineux fini quel qu'il soit, celui du travail fait
Je me laisse porter par le plaisir, celui d'imaginer que je l'aurais fait
Un peu comme lorsque je suis dans une boutique, à me projeter en regardant une pelote
Ce n'est que régal, temps suspendu, plaisir des sens par évasion
Tout est couleur, multitude, liberté
A voir les gens qui entrent regardent et sortent en moins de 20 secondes, je me pose la question du regard
La beauté est elle dans l'oeil de celui qui regarde ?
Surement, si j'en juge par ceux qui restent et dégustent comme moi.
Je repasse dans le hall
Direction la petite salle vidéo, le coin des enfants et aussi des films sur l'artiste
Napperons, une jolie tradition portuguaise
Avec un regard d'enfant, je ne verrais que la couleur, les fleurs
Fi de la technique, fi de l'usage de cet objet
Napperons, dessous de table en laine feutrée
Laine et art, art au quotidien
Quelle place pour l'art dans ma vie ?
Comment la rend je belle ma vie ?
Comment sont mes enfants face à l'art ?
Est ce que je sais les guider, les y ouvrir ?
Retour dans le hall
Toujours ces hommes qui pleuvent
Ah, des pantalons maintenant, après les chemises et les cravates...
Y aurait il un sens, un ordre dans cette oeuvre ?
Certains sont découpés de patch de laine, comme ces pantalons qu'on rafistole pour les faire durer plus longtemps ou les personnaliser
Quelle place pour le textile dans notre vie ?
Quelle place pour le textile dans l'environnement ?
Comment consomme t on ?
( cliquez sur les liens en gros et soulignés )
Combien ai je moi même consommé -et donc pollué- depuis ma naissance, celle de mes enfants ?
Tricoter pour moi même des vêtements, est ce un acte de loisir, ou un acte de résistance ?
Et pour renverser les conceptions, ci dessus un porte papier toilette
Ci dessous, Marcel Marcel 2017
Oui, ce sont 2 pissotières, version fille
Bon, je vous épargne mes monologues sur la place des hommes et des femmes, de ce que disait Freud sur l'absence ou présence de zizi
Mais je suis avec plaisir secouée par le simple fait qu'orner un truc laid et sale, pratique par définition, avec de la dentelle et du rose, de l'improbable, puisse provoquer en moi tant d'idées et de questionnements
C'est quand même super fort
Et si saurais le refaire techniquement, je mesure ce qui fait la différence entre un artiste et moi, entre un grand artiste et celui qui fait juste du beau, de l'harmonieux ou de l'esthétique mais sans sens.
L'oeuvre suivante, Kilimandjaro 2015
Parfois quand même, je reste perplexe et je ne comprends pas
On est dans la série laine et évier
Peut être un questionnement sur d'où vient l'eau qui sort de nos robinets ? sur le cycle de l'eau qui viendrait des hauts sommets de la montagne ?
Sur ce cycle et sur moi dans ce cycle ?
Sur la manière dont j'entretiens mon corps et mes ouvrage laineux ?
Ou bien sur ces laines teintes à la main que j'utilise ?
Bon, allons vers l'oeuvre suivante :
Spring springs 2015
Un évier de porcelaine
J'avoue que je ne comprends pas toujours le message sous jacent. Mais y en a t il toujours ?
Par contre, je tombe en arrêt devant Ishtar gate 2017
Ishtar...ah, Ishtar !
C'est une déesse de Mésopotomaie, vénérée durant plus de 3000 ans par les Akkadiens, les Sumériens et les Mésopotamiens, comme la déesse de l'amour et de la guerre, l'image de la femme, un féminin libre de toute tutelle masculine, l'inverse de la norme dans une société patriarcale
Et la Porte d'Ishtar est une des 8 portes de la vile de Babylone, dédiée à Ishtar, toute de décorée d'un beau bleu, et orné d'or et de taureaux et de dragons dorés
Je retrouve ici l'idée même de cette porte
Et cette idée de chaine, dont on veut s'émanciper
Chaines intimes ou chaines externes pour devenir une femme vraiment libre
Je ne peux qu'adminer la manière dont on a techniquement crocheté un bleu qui change de ton et qui passe à l'or !
Un de mes préférés
Allez on ressort dans le hall
Ingrato 2017
Ou comment rendre poétique la violence potentielle, le sang, la peur, la fierté des toreros
Gary 2015
Un éloge à la délicatesse et la lenteur commune entre le tricot/ crochet et l'animal
Petites mains, un joli film sur les personnes qui ont aidé à réaliser les ouvrages, prise en actions nias divers endroits du monde.
J'y vois comme une allégorie à toutes ces petites mains du quotidien à travers le monde, unie autour de la laine
Retour dans le hall, cette fois ci au pied de l'escalier, le It's Raining Men vu par dessous
Hihi, des poches
Mais quel travail !!
Ceintures et d'autres pensées me viennent, bien rendu par la forme agressive, en massue
Luso Nike 2006, en référence à la marque de baskets Nike
Azuleros , si féminins pour certains
Et chaussures
Ce ne sont que des chaussures de la marque
De quoi donner des sueurs à des collectionneuses
Ou comment être girly mêem en baskets et se questionner sur l'usage ( la fonction) et sa valeur d'usage d'un objet par rapport à sa valeur d'estime, celle qu'on lui accorde
Passerelle 2005, quand on appuie sur la pédale, les chiens de faience tournent de plus en plus vite, et s'entre choquent et se brisent.
Abattoire ? Animaux ? Violence des relations ? Vitesse et précipitations ?
En tout cas quelque chose de bruyant, dérangeant
Entre deux, je crois pour le titre
Ou une réflexion sur l'amour, être 2, les liens qui nous unissent nous lient, nous entravent
Admirez la manière dont les fils sortent du tapis
Je ne me souviens plus du titre, mais clairement quelque chose qui sort du cadre
Pas de deux 2002 :
2 statues, recouvertes de napperons, j'adore !!
Ou comment rendre les statues moins glaciales
Une réflexion sur ce qui voile et dévoile
J'admire et la statue et le travail pour les recouvrir
Perplexitude devant les oeuvres suivantes : Love in a box et Stainglass house en verre de Murano
Hum, j'aime moins celui ci, un étendoir avec des lampes
et de photos éclairées dans la nuit
Fashion victims 2018
Un dénonciation des victimes de la mode
Et c'est amusant de voir que les bobines se déroulent réellement
Et de déplorer ensuite le gâchis de fils utilisés
Mais nos vêtements que l'on jète, n'est pas une autre forme de gâchis de fil utilisé ?
Style for your hair 2000
La version cheveux, ce qu'on montre, ce qu'on modifie, ce qu'on cache
Faut il encore souffrir pour être belle ?
Euro Visao ( Eurovision ) 2005
Ou quand le Portugal passa à l'Eurovision
La place du quotidien dans nos vies
Retour dans le hall
Ces hommes pluvieux m'amusent de plus en plus
J'imagine le plaisir de la créatrice à collecter les vestes et les pantalons, à chercher le rare, l'improbable
Mais ne fit on pas de même avec l'homme de sa vie ?
Et je souris, en pensant que si elle trouve ces vestes, c'est qu'à la base, elles existaient et que des créateurs on envisagé que des hommes puissent porter de vestes roses rayées de blanc
ou même des vestes jaune canari
Où donc cela peut il être
certainement loin de ces hommes en costumes cravates air ou noir
Et ma pensée voyage vers des pays lointains, riches de couleurs et de diversité
Où la joie et la vie se vit en multitudes
Voici une photo de l'artiste, plein de malice
Voici une ébauche de sa manière de travailler
Un dernier regard sur l'oeuvre.
Voilà, je voulais via le blog vous emmener ailleurs, tout en restant sur le fil de la laine
Je vous propose de laisser dans les commentaires vos impressions sur cet exposition, si vous avez été la voir, si vous souhaitez y aller
Si vous avec vu d'autres oeuvre de Joana Vasconcelos
Si vous avez été touchées par d'autres artistes